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La défiance des autorités américaines vis-à-vis de la nouvelle mise à jour d’Apple : l’IOS 8.

4 novembre 2014
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La société Apple a annoncé avoir renforcé la sécurité des données personnelles de ses utilisateurs sur la nouvelle version de son système d’exploitation, l’IOS 8. En effet, selon la firme, celle-ci n’aurait plus accès aux mots de passe de ses clients, et serait donc dans l’impossibilité de les transmettre aux autorités nationales. Cette situation a été vivement critiquée par les autorités américaines de renseignement, et notamment le FBI, la CIA et la NSA.

Suite au scandale de l’affaire Edward Snowden où a été révélé au grand jour la surveillance mondiale d’internet ainsi que de tous les moyens de communication, par l’agence de sécurité nationale américaine (NSA) et ses partenaires internationaux, certaines entreprises, dont Apple, ont souhaité renforcer la protection des données personnelles de leurs utilisateurs.

La loi fédérale canadienne sur la protection des renseignements personnels et des documents électroniques du 13 avril 2000 définit les renseignements personnels comme étant « Tout renseignement concernant un individu identifiable, à l’exclusion du nom et du titre employé d’une organisation et des adresse et numéro de téléphone de son lieu de travail ».

De plus en plus d’utilisateurs se sont rendus compte que les réseaux sociaux n’étaient pas des réseaux privés, et que leurs données personnelles pouvaient être conservées et transmises à d’autres entreprises ou même aux autorités américaines, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

L’entreprise Apple a donc choisi de protéger les données de ses clients en affirmant qu’elle n’aura plus accès aux mots de passe de ces derniers par le biais des appareils iPhones et des iPads, l’empêchant de ce fait de répondre aux demandes gouvernementales quant à une quelconque transmission d’une information.

Ainsi, sur son site internet, la firme a indiqué que « Sur les appareils équipés d’IOS 8, vos données personnelles tels que des photos, des messages écrits, le courrier électronique, vos contacts, l’historique des appels, votre contenu iTunes, des notes et autres alertes sont protégés par votre code »

Et poursuit en précisant que : « Contrairement à nos concurrents, Apple ne peut contourner votre code. En conséquence, il ne nous sera pas techniquement possible de répondre aux requêtes gouvernementales pour extraire les données des appareils fonctionnant avec l’IOS 8 ».

Invité dans un « talk show », le dirigeant d’Apple, Tim Cook,  justifiait cette nouvelle politique de confidentialité par le simple fait « qu’Apple ne tirait pas ses revenus de l’exploitation des données personnelles de ses clients ».

S’agit-il d’un véritable coup marketing de la part d’Apple qui souhaite, dans un contexte de paranoia internationale sur les données personnelles, se soustraire à l’emprise des services de renseignement américains ? N’y a-t-il pas un risque en ce qui concerne la sécurité internationale notamment en matière de lutte contre le terrorisme, de lutte contre les crimes en bande organisée etc. ?

Comment la firme a-t-elle pu mettre en place un système de protection des données personnelles aussi poussé ?

D’après un responsable américain du FBI, il faudrait « plus de cinq ans et demi pour essayer toutes les combinaisons de mots de passe ».

Le Directeur du FBI, James Comey, a souligné ses préoccupations à l’égard de ce nouveau système d’exploitation mis en place par l’entreprise: « I am a huge believer in the rule of law, but I also believe that no one in this country is beyond the law ».

D’autre part, ce dernier a souligné le fait qu’il comprenait parfaitement la nécessité de préserver la vie privée, mais convient également qu’il faut prendre en compte le fait que « Government access to mobile devices may be needed in extreme circumstances, such as in the event of a terror attack ».

Il a aussi rajouté: « There will come a day, well it comes every day in this business, when it will matter a great, great deal to the lives of people of all kinds that we be able to with judicial authorization gain access to a kidnapper’s or a terrorist or a criminal’s device. I just want to make sure we have a good conversation in this country before that day comes. I’d have to have people look at me and say, ‘Well how come you can’t save this kid’, ‘how come you can’t do this thing’”.

Enfin, le Chef de la police de Chicago a de son côté vivement critiqué cette nouvelle mise à jour « Apple will become the phone of choice for the pedophile. (…) The average pedophile at this point is probably thinking, I’ve got to get an Apple phone ».

Les risques évoqués par le directeur du FBI, et en règle générale par les agences de sécurité américaines sont véridiques. Néanmoins une question demeure : comment concilier la protection des données personnelles de chaque individu et la protection de la sécurité nationale, voir internationale ?

Le FBI a indiqué à ce propos que « Nous ne cherchons pas une porte de derrière. Nous voulons utiliser la porte principale, avec clarté et transparence, et avec des orientations précises fournies par la loi. Nous sommes complètement à l’aise avec les ordonnances judiciaires et le processus légal ».

La protection de la société contre le terrorisme ou tout autre type de crimes organisés implique bien souvent une violation des données personnelles d’un individu. Et inversement, la protection de l’intérêt privé risque d’entraver le travail des services de renseignement qui malgré tout cherchent à prévenir tout acte répréhensible sur le territoire national.

Toutefois, le scandale Snowden  a mis en éveil la facilité avec laquelle les services de renseignement américains et internationaux ont pu collecter des informations personnelles et les exploiter : une protection accrue de ces renseignements est une initiative qui doit être saluée.

A cet égard le directeur du FBI a d’ailleurs considéré que  « I get that the post-Snowden world has started an understandable pendulum swing”.

Il a néanmoins poursuivi en précisant que “What I’m worried about is, this is an indication to us as a country and as a people that maybe that pendulum swung too far ».

Ainsi, les objectifs poursuivis par les protagonistes semblent légitimes : d’un côté, les services de renseignement américains qui cherchent à préserver l’ordre public et la sécurité nationale, et de l’autre, une société privée, Apple, qui cherche à protéger les données personnelles de ses clients.

Il est évident que derrière cette bienséance se cache très certainement pour Apple, une stratégie commerciale, mais le fait est qu’en tant qu’utilisateur, le respect de sa vie privée est primordiale. Et les récents scandales en matière de collectes d’informations n’ont fait que renforcer cette quête de l’anonymat.

                                                            

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