Le 23 février dernier Boston Dynamics (société rachetée par Google X) publiait des progrès de leur robot Atlas ( voir la vidéo ci-bas). Outre les exploits technologiques ce qui a interpelé les internautes dans cette vidéo sont surtout les mauvais traitements : poussé par derrière pour le faire tomber, bousculer avec une crosse de hockey, etc. Les ingénieurs ont multiplié les actes de maltraitance pour mettre en avant les avancées technologiques effectuées en la matière. Si bien que certains y ont déjà vu une raison pour les robots de nous exterminer dans le futur. Mais d’autres ce sont étonnés de ressentir un sentiment d’empathie pour ce robot.
La viralité de cette vidéo a donc conforté une étude japonaise publiée en 2015 qui a estimé que les être humains pouvaient avoir de l’empathie pour des robots.
Cette vidéo a alors relancé le débat d’une éventuelle maltraitance des robots et par conséquent de nos devoirs en tant qu’être humain face à nos créations. Car si ce sont bien des machines créées par l’homme dénuées de sentiments, il n’en est pas moins que certaines personnes évoquent un sentiment de malaise face à de mauvais traitements au même titre que les animaux.
Dans ce sens, une chercheuse du MIT ; Kate Darling estime que la question de droits envers les robots se pose, car une maltraitance de robot pourrait donner un sentiment de malaise chez un humain. Il serai donc important d’un point de vue moral et éthique d’instaurer une ligne de conduite pour les interactions humains/machines. La question n’est pas simplement de donner des droits aux robots pour éviter leurs souffrances puisqu’ils en sont dénués, mais bien plus de se comporter avec humanité face aux machines pour rester humainement intègre.
Le raisonnement de Kate Darling est donc le suivant : les humains auront dans le futurs des interactions de plus en plus poussées avec des ensembles mécaniques dotées d’intelligence artificielle. Cela va donner sur le plan social une valeur aux robots; c’est la notion d’anthropomorphisme.
Or selon la chercheuse, nous avons déjà vécu une situation similaire avec les animaux :
« A legal shift of this sort is not unique: the law has faced similar issues in addressing how humans interact with animals. Our legal system has recently begun to extend what can be viewed as “second-order” rights to non-human entities”
Par consequent; un droit semblable au droit des animaux pourrait s’appliquer aux robots dotés d’intelligence artificielle :
« Je ne parle pas d’une sorte de droit à la vie, qu’on n’ait pas le droit de les éteindre, etc. Je parle plutôt de quelque chose comme les lois qui protègent les animaux. À eux non plus, on n’accorde pas le droit à la vie, mais on a édicté des lois pour les protéger contre la maltraitance. »
Mais d’un autre côté, si l’on regarde du côté du droit des animaux actuel avec l’article 898.1 du projet de loi au Québec de la «loi visant l’amélioration de la situation juridique de l’animal »
« Les animaux ne sont pas des biens. Ils sont des êtres doués de sensibilité et ils ont des impératifs biologiques. »
Force est de constater que non, les robots ne sont pas doués de sensibilité et n’ont pas d’impératifs biologiques. C’est pour cela que l’avocat français Alain Bensoussan écarte la notion de sensibilité pour les robots dans le but de les considérer comme des personnes morales, au même titre qu’une entreprise par exemple : « les personnes morales peuvent avoir un nom, un siège social, un patrimoine, ou agir en justice ». Cela permettrait de leurs donner des droits, oui, mais aussi des devoirs avec un régime de responsabilités en cas de fautes et de dommages envers une tierce partie (comme on peut déjà le voir avec le premier accident de la Google car par exemple).
En conclusion ; ce qui semble pour beaucoup correspondre à un mauvais film de science fiction va s’imposer et s’impose déjà comme une question primordiale dans nos sociétés contemporaines.Avec la démocratisation de la robotique dans notre quotidien, accompagnée d’une prise d’initiative de l’intelligence artificielle il est facile d’imaginer la naissance de nouveaux types de tensions sociales, culturelles et juridiques.