L’internet est un système créé dans les années 60 par des chercheurs du MIT et l’Armée américaine, toutefois son nom ne devient officiel qu’en 1983. Ce système permet l’interconnexion des machines faisant parti du réseau informatique à l’échelle de la planète en utilisant des protocoles de transfert de données standardisés qui s’appelle la suite TCP/IP. Les membres d’un réseau sont aussi appelés des nœuds.
Il est bon de rappeler que l’Internet a toujours été privé. En effet la multitude de réseaux qui constituent l’Internet appartient à des gouvernements et administrations, à des universitaires, à des entreprises, etc… Ces réseaux peuvent être aussi bien publics que privés, c’est à dire accessible à tous ou limités à certains utilisateurs privilégiés. La partie la plus visible et la plus populaire de l’Internet est le World Wide Web ou la toile. C’est sur elle que vous surfez en ce moment même. Toutefois l’Internet comporte des recoins plus sombres et inconnus du grand public, à savoir le Deep Web, Usenet ou encore Kwangmyong en Corée du Nord.
Pour accéder à l’Internet, un utilisateur doit premièrement s’enregistrer auprès d’un fournisseur d’accès à Internet avant de pouvoir enfin devenir un internaute. Il n’y a pas à ma connaissance de fournisseur d’accès Internet gratuit. L’accès à l’Internet est donc payant. Plus ou moins cher selon les pays. En France le coût d’une connexion illimitée à internet est d’environ 20 euros tandis qu’au Canada 125Go d’Internet coûtent 53 dollars. L’internaute n’est pas égal face à l’Internet.
Comme pour toute chose dans ce monde, différentes entités ont cherché à prendre le contrôle de l’Internet. Un groupe de travail a planché sur la gouvernance de l’Internet afin d’établir des principes, normes et règles concernant l’usage de l’Internet. Etant d’origine américaine, la plupart des organismes de régulation de l’Internet sont donc américains. Monopole de plus en plus contesté, notamment par l’Union Européenne qui, à travers la voix de Neelie Kroes, vice-présidente de l’Union Européenne, annonce que les années à venir seront « capitales pour la gouvernance mondiale de l’Internet dont la carte va être redessinée ».
L’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), société californienne à but non lucratif, est l’autorité suprême de l’Internet sous tutelle du gouvernement américain. Elle est chargée d’attribuer les adresses IP et les noms de domaine. Elle est le grand Manitou incontestable de l’Internet bénéficiant d’un monopole arbitraire. L’ICANN délivre par la suite un droit de délégation à ses suppléants comme VeriSign pour les domaines en .com et .net ou l’AFNIC pour les domaines en .fr. Qui eux-mêmes permettent à des tiers, appelés registraires, de vendre des noms de domaine et des services relatifs.
Face à ce monopole des Etats sur les noms de domaines, plusieurs voix se sont élevées. En effet du jour au lendemain un Etat a la possibilité d’effacer un nom de domaine et tout le contenu s’y rapportant comme ce peut être le cas en Chine ou en Iran. Ce qui limite fortement la liberté d’expression d’une bonne partie de la planète. C’est donc contre cette possibilité de censure étatique que plusieurs programmeurs se sont battus en créant sur les bases du protocole Bitcoin, une monnaie numérique appelée Namecoin.
En effet en 2009 le Conseil Constitutionnel a rendu un arrêt dans lequel l’accès à Internet est considéré comme un droit fondamental. Idée qui a été suivie dans un rapport du rapporteur spécial de l’ONU sur la question de la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression. Dans ce rapport il est précisé que les gouvernements devraient permettre un accès à l’Internet au même titre qu’ils sont obligés de garantir un accès à l’eau potable et à l’électricité.
C’est dans ce but qu’a été créé le Namecoin, qui est une crypto-monnaie agissant comme un DNS ou système de noms de domaine. Avant cette monnaie chiffrée, toutes les fins de noms de domaine appelées « top-level domain » (ex : .net, .org, .com) étaient contrôlées par des autorités centrales. Dorénavant ce n’est plus le cas. Le Namecoin permet d’éviter la censure en créant de nouveaux noms de domaines décentralisés hors du contrôle de l’ICANN. Ce qui en plus d’enlever une partie du monopole de la gouvernance de l’internet aux États-Unis, permettrait de rendre la censure sur internet et les interruptions de service plus difficiles.
En effet le Namecoin permet la création de « top-level domain » finissant en .bit. La décentralisation du système de noms de domaines et l’implémentation du protocole Bitcoin permet d’avoir des « top-level domain » qui ne sont plus la propriété de personne. Et ce aussi longtemps qu’il y aura des mineurs qui feront tourner sur leurs ordinateurs le système Namecoin. Les autorités ne pourront plus saisir de serveurs physiques en un endroit précis. Tous les utilisateurs seront les garants de réseau peer-to-peer, comme avec le système Bitcoin. Bien sûr l’enregistrement des noms de domaines en .bit se fait grâce à l’achat de namecoins, qui à l’instar du Bitcoin seront produit à hauteur de 21 millions.
Voici donc l’application d’une innovation découlant du protocole Bitcoin qui a pour vocation de défendre un droit à l’Internet libre ainsi qu’une plus grande liberté d’expression et d’opinion, à l’instar du système TOR. De plus des plug-ins tels FreeSpeechMe, qui permettent de créer et de voir facilement les sites dont les « top-level domaine » en .bit, sont de plus en plus nombreuses à voir le jour.
Depuis la création du Namecoin, le dernier obstacle, et non des moindres, à l’existence d’un Internet libre d’accès et hors du contrôle d’autorités centrales, serait la création de fournisseurs d’accès Internet décentralisés sur lesquels aucune autorité ne pourrait faire pression afin de couper la connexion Internet d’un dissident, d’un opposant politique ou encore d’un simple citoyen dans des pays à tendance totalitaire.